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Monday, July 2, 2007

* Fillon prêt pour son oral de premier ministre *


*** Le premier ministre est rentré hier soir de Rambouillet, où il a mis la dernière main à son discours de politique générale. Le texte sera transmis aujourd'hui à l'Élysée.

C'EST LE DISCOURS le plus important de sa longue carrière politique. Cela valait donc bien une « retraite » de deux jours loin de Paris. François Fillon, qui aime les chants grégoriens des moines de l'abbaye de Solesmes, ses voisins dans la Sarthe, s'est retiré à Rambouillet pour peaufiner sa déclaration de politique générale. C'est dans le salon rond du château, dans le bureau aménagé jadis par l'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing, qui donne directement sur le parc de cette propriété présidentielle, que le premier ministre s'est enfermé pendant le week-end avec, pour seuls compagnons, son ordinateur et une imprimante. Plutôt que Giscard, on préfère à Matignon rappeler la référence du général de Gaulle, qui séjourna le 23 août 1944 à Rambouillet et donna l'ordre au général Leclerc de marcher sur Paris.

Pour le gaulliste François Fillon, il est temps de sonner le tocsin. Éclipsé par les débuts en fanfare du président de la République, en première ligne sur tous les sujets, le premier ministre est condamné à étonner et à frapper fort, demain à l'Assemblée nationale. Nicolas Sarkozy a en effet presque tout dit de la feuille de route des parlementaires, dans son discours prononcé le 20 juin à l'Élysée, au lendemain des élections législatives. Et pour mieux confirmer son intention de « s'occuper de tout », le chef de l'État anime ce soir à Strasbourg une « réunion républicaine » sur le thème de l'Europe, qui a toutes les apparences d'un meeting. Demain, il inaugurera à Marseille le tramway avec, bien sûr, un nouveau discours à la clé. Autant dire que la parole du premier ministre est bien encadrée !

Du coup, c'est presque dans un contexte d'indifférence qu'intervient cette déclaration de politique générale qui fixe pourtant les grandes lignes de la législature. Les députés de l'opposition ironisent sur la « disparition » de François Fillon tandis que ceux de l'UMP ne sont guère plus indulgents. « Le patron, c'est Sarko », entend-on au Palais Bourbon. Jean-Pierre Raffarin, l'un des prédécesseurs de François Fillon à Matignon, enfonce le clou : « La victoire de 2007, c'est celle du président. »

Avec le concours de Gallo, Adler et Baverez

Retiré à Rambouillet, François Fillon ne s'émeut pas de ces commentaires. « Avec Nicolas, je n'ai aucun problème. Il est le numéro un et je suis le numéro deux, confie-t-il. Et tous ceux qui voudront me pousser à exister contre lui perdent leur temps. » Numéro deux et fier de l'être donc. Cela n'empêche pas quelques agacements. La compétition par médias interposés entre le secrétaire général Claude Guéant, le conseiller Henri Guaino et le porte-parole de l'Élysée David Martinon suscite l'étonnement chez certains fillonistes.

La trame de son discours, dont le premier jet a été écrit par son directeur de cabinet, Jean-Paul Faugère, et sa plume, Igor Mitrofanoff, sera « sans surprise », dit-on à Matignon. « L'urgence de la réforme et de la méthode » en sera le fil conducteur. « Ce sera vérité et courage, dans le droit fil de son livre La France peut supporter la vérité », insiste un de ses proches. Sur le fond, le premier ministre devrait définir ce qu'il appelle « le nouveau contrat politique, social et culturel », puis détailler sa politique pour une nouvelle croissance.

François Fillon a consulté des personnalités pour enrichir son discours : l'historien Max Gallo, le spécialiste des relations internationales Alexandre Adler ou encore l'économiste libéral Nicolas Baverez ont apporté leur concours. Le premier ministre, qui a siégé vingt ans à l'Assemblée, admet que l'exercice est « difficile ». Il a vu des chefs de gouvernement réussir - « Juppé s'était bien débrouillé », se souvient-il - et d'autres échouer. Le dix-neuvième premier ministre de la Ve République connaît donc la règle impitoyable et la définit simplement : « On ne triche pas devant le Parlement. »

Le Figaro
*Photo :Éclipsé par les débuts en fanfare du président de la République, en première ligne sur tous les sujets, le premier ministre est condamné à étonner et à frapper fort, demain à l'Assemblée nationale.

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