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Tuesday, July 10, 2007

*À Bruxelles, le président de la République a rassuré les grands argentiers de la zone euro sur l'ampleur des réformes à venir en France. *


*** Déficits : Sarkozy donne des gages à l'Europe

ATTENDU de pied ferme par les ministres des Finances de l'Eurogroupe, inquiets des risques de relâchement budgétaire français, Nicolas Sarkozy leur a donné les gages de rigueur qu'ils attendaient. « Nous ferons tous les efforts pour atteindre l'équilibre budgétaire en 2010 », a promis le président de la République, alors que jusqu'ici le gouvernement français n'évoquait qu'une seule date pour atteindre le zéro déficit : 2012. Autre promesse présidentielle : le fruit des recettes extraordinaires générées par une croissance supplémentaire sera entièrement affecté à la réduction de la dette et des déficits. « Je suis dans la logique du pacte de stabilité, mais je souhaite une application dynamique et intelligente de ce pacte », a ajouté le chef de l'État. Enfin, la France transmettra à Bruxelles un programme plus détaillé de réformes dès septembre, soit avec deux mois d'avance sur le calendrier prévu.

Bien que ces promesses soient subordonnées à un pari sur une relance de la croissance, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a affiché sa satisfaction. « La France reste ancrée dans la consolidation budgétaire. Il n'y a pas de pause, pas de stop. Elle fera tout pour respecter l'objectif de moyen terme de 2010 », s'est-il félicité. L'annonce par Paris d'un délai de deux ans supplémentaires, contraire aux engagements pris par le précédent gouvernement en avril dernier, avait ému les États membres de la zone euro, qui s'inquiétaient que la France puisse faire cavalier seul.

Devant les douze ministres des Finances, Nicolas Sarkozy s'est surtout attardé sur les réformes structurelles qu'il allait engager en France dès cette année. Au-delà des suppressions de postes envisagées dans la fonction publique et de la réforme de l'université, il a évoqué la réforme de la carte judiciaire, ainsi que la fusion des services de renseignement et des administrations fiscales. « Il s'agit d'un mouvement sans précédent », a plaidé le chef de l'État, tout en demandant un peu de temps. « L'année des réformes, on a besoin de mettre de l'argent pour les accompagner et on ne peut pas me demander des résultats (budgétaires, NDLR) tout de suite », a-t-il argumenté.

Jean-Claude Juncker s'est également réjoui de ce programme : « La France n'est plus le pays de l'immobilisme, c'est une bonne nouvelle, d'autant qu'il n'y a plus de contradictions entre les réformes structurelles et la consolidation budgétaire. » En revanche, les autres ministres des Finances ont été plus avares de commentaires. Au début de la réunion, le représentant allemand, Peer Steinbrück, s'était montré très ferme avec la France : « Il est nécessaire de parvenir au seuil de 0 % de déficit en 2010. Nous devons soutenir la crédibilité du pacte de stabilité et de croissance. » La position, très à cheval sur les principes, du principal pays de la zone euro a été soutenue par les Pays-Bas et la Belgique.

« D'autres occasions de débattre de l'euro ! »

Pour ne pas encombrer l'agenda d'une réunion qui s'annonçait tendue, Nicolas Sarkozy a renoncé à évoquer la surévaluation de l'euro, qu'il juge responsable de l'aggravation de la balance du commerce extérieur. Là encore, Peer Steinbrück avait pris les devants : « Je ne suis pas inquiet de l'euro fort. J'adore l'euro fort ! » La question a tout de même été brièvement évoquée entre Nicolas Sarkozy et le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, en marge de la réunion. « Nous ne sommes pas exactement sur la même longueur d'onde, a reconnu le président français, mais nous aurons d'autres occasions d'en débattre ! »

Le chef de l'État a également renoncé à solliciter la tenue d'un sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'Eurogroupe à la rentrée. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, était hostile à cette idée, préférant une réunion classique des vingt-sept États membres.

De nos correspondants à Bruxelles PIERRE AVRIL et ALEXANDRINE BOUILHET.
Le Figaro
Publié le 10 juillet 2007

*Photo : Nicolas Sarkozy et Jean-Claude Juncker.
AFP.

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