*HUB «DIGITAL DIPLOMACY» «DIPLOMATIE NUMERIQUE»* BY MORGANE BRAVO

Friday, November 28, 2008

***Condamnation-873 M$ à Facebook...: Le Montréalais Guerbuez s’expliquera bientôt***

***Plus de 4 millions de pourriels en moins de deux mois sur Facebook.

Condamné à payer 873 millions de dollars à Facebook, le Montréalais Adam Guerbuez doit convoquer sous peu une conférence de presse pour s'expliquer.

Joint par téléphone, Adam Guerbuez, qui était en déplacement dans la métropole, a semblé dépassé par les événements hier.
«C'est fou, ce qui m'arrive. Je suis sollicité de toutes parts par les médias, a-t-il confié. Même CNN m'a contacté!»

Entre les mois de mars et avril 2008, le Montréalais de 33 ans aurait envoyé plus de quatre millions de messages non sollicités à des usagers du réseau Facebook après avoir frauduleusement obtenu l'accès à des comptes d'utilisateurs.

Ces gestes lui ont valu, ainsi qu'à la compagnie Atlantis Blue Capital dont Guerbuez serait l'unique propriétaire, une poursuite engagée par Facebook en août dernier.

Vendredi, le juge californien Jeremy Fogel a finalement signé un jugement par défaut qui condamne Guerbuez à payer une amende 873 M$.

Bien qu'elle doute que Guerbuez puisse payer cette amende, Facebook espère qu'un tel montant découragera de futurs spammeurs.

Conférence de presse

«Je dois d'abord retomber sur terre mais je compte convoquer les médias à une conférence de presse», a déclaré Adam Guerbuez.

En attendant, l'homme a mis en ligne un blogue dans lequel il entend partager son quotidien avec les lecteurs.

Guerbuez, qui a déjà été associé à des organisations racistes, avait fait parler de lui en 2003 en faisant la promotion de vidéos où des citoyens se faisaient humilier devant la caméra.

Introuvable

Le Journal s'est rendu au domicile de M. Guerbuez et a pu s'entretenir avec sa propriétaire.

«Il habite ici depuis près de quatre ans, mais on ne le voit plus depuis plus de deux mois», a déclaré Maria Fulginiti. Selon elle, la police devait fouiller l'appartement de Guerbuez hier soir.

* * *
INFORMATION TIRÉE DU DOCUMENT DE LA POURSUITE

Une firme d'investigation québécoise aurait permis de repérer Guerbuez en août dernier.
Selon Facebook, Atlantis Blue Capital pourrait être une compagnie fictive servant à enregistrer des noms de domaines sur le Web.
Adam Guerbuez était réputé pour être un célèbre spammeur de Montréal.
Source: United States District Courts for the Northern District of California

Nicholas Lavallée
LE JOURNAL DE MONTREAL
26/11/2008

Sunday, November 2, 2008

***La pénurie de diplômés conduit à une guerre de la matière grise...***

***Après la fuite des cerveaux, la guerre de la matière grise ? Cette perspective, agitée par le directeur adjoint de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) pour l'éducation, n'a rien d'invraisemblable. En postface d'un numéro de la revue Formation Emploi du Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq) consacré à cette thématique, Bernard Hugonnier écrit ainsi que, face à la globalisation, "la question est de savoir si (...) la demande accrue de cerveaux à laquelle on peut s'attendre dans le monde sera satisfaite ou non par une production de capital humain en proportion. Tout conduit à en douter". Les pénuries qui frappent déjà certaines professions - les enseignants en Allemagne ou le manque de personnels de santé aux Etats-Unis par exemple - en sont les signes avant-coureurs.

Le fait que la santé et l'éducation figurent au premier rang des secteurs concernés ne doit rien au hasard. A la différence des centres d'appel que l'on peut délocaliser, ces services à "forte densité en capital humain, avec jusqu'ici de faibles gains de productivité potentiels", ne sont pas "échangeables". La "présence physique" des médecins et des professeurs est nécessaire sur le territoire, rappelle, dans le même numéro, l'économiste Annie Vinokur, soulignant à quel point les pays organisent la pénurie dans ces secteurs.

C'est ainsi que le Royaume-Uni a opté pendant des années, et jusqu'à un revirement récent, pour la venue massive de médecins étrangers. De même, les Etats-Unis, qui ont identifié un fort besoin en personnels de santé, n'ont pas envisagé de plan de formation massif de ces personnels. Ces fuites peuvent devenir, à l'échelle d'une région, un "jeu de chaises musicales" entre les pays, poursuit Mme Vinokur, évoquant le cas des médecins d'Afrique du Sud, partis vers les pays anglo-saxons et remplacés, dans les zones rurales, par des homologues "importés" des pays voisins.

Les pays les plus petits et les plus pauvres sont déjà les grands perdants de cette situation. Ainsi, le "taux d'émigration qualifiée" peut varier de "moins de 5 % dans les pays émergents à larges stocks, comme l'Indonésie, l'Inde, la Chine ou le Brésil, à plus de 50 % dans plusieurs pays d'Afrique subsaharienne, voire plus de 80 % dans des îles comme la Jamaïque, Haïti ou la Grenade".

Ces mouvements s'établissent dans un contexte d'un grand déséquilibre en matière d'investissement éducatif. Quand les pays développés affichent un taux de participation à l'enseignement supérieur proche de 50 %, les pays en voie de développement sont à moins de 10 %. Quand "l'élite scolaire" des pays de l'OCDE - c'est-à-dire le pourcentage des élèves atteignant à 15 ans les meilleurs niveaux de compétence en culture scientifique - est évaluée à 8,8 % des élèves, celle des pays en voie de développement ne dépasse pas 4 %.

Compte tenu du coût très élevé de la formation d'un diplômé, il y a peu de chances que les déséquilibres se résorbent. Vingt ans d'études représentent une dépense de près de 150 000 dollars (chiffre OCDE, 2004) par personne, une dépense à laquelle pays riches et pauvres ont tendance à rechigner. Un jeu "perdant-perdant" s'installe, au terme duquel "le pays qui exporte du capital humain, au vu des sommes investies et perdues, aura tendance à moins investir dans l'éducation tandis que le pays importateur aura naturellement tendance à faire de même puisqu'il peut compter sur l'investissement des autres pays", résume M. Hugonnier. Car le spectre d'une "guerre des cerveaux" se nourrit d'abord et avant tout d'un trop faible investissement des pays les plus riches dans l'éducation.

Maintenant que "le braconnage agressif des talents est devenu la règle", selon la formule d'Annie Vinokur, des solutions de compensation sont-elles envisageables ? Peut-on imaginer un "mercato" mondial des personnes hautement qualifiées, à l'image de celui des transferts de joueurs de football ? S'inspirer d'un tel modèle pourrait "justifier une augmentation de l'aide publique au développement, calculée à l'aune du nombre des expatriés par rapport au marché du travail du pays d'origine", propose Bernard Hugonnier. Autre idée avancée par l'expert : taxer "en proportion" les entreprises utilisant ces personnels.

LE MONDE
31.10.08

Brigitte Perucca