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Friday, July 27, 2007

*Emploi : pourquoi la France reste à la traîne...*


*** Les créations de postes progressent fortement en France, mais le pays reste à la traîne en Europe. Les rigidités du marché du travail sont en cause.

BEAUCOUP mieux que prévu, mais encore en dessous de ses partenaires européens. Ainsi vont les chiffres de la création d'emploi en France selon les calculs définitifs de l'assurance-chômage. L'année dernière, le pays a ainsi créé 239 600 nouveaux postes de travail alors que, selon ses dernières prévisions, l'Unedic s'attendait tout juste à passer la barre des 200 000. C'est bien. C'est deux fois mieux qu'en 2005 et, d'ailleurs, « il faut remonter à 2001 pour observer de telles créations nettes d'emplois sur un an », se réjouit l'assurance-chômage, qui souligne en outre que « l'année 2006 voit le retour à un fort contenu en emplois du PIB, comparable au début du cycle de la fin des années 1990 ». En clair, le spectre d'une croissance sans emploi s'éloigne.

Seulement voilà, une étude publiée hier par COE-Rexecode remet la France à sa place, du moins parmi ses partenaires européens. « Depuis 2003, la croissance s'est appauvrie en emplois dans la plupart des pays de l'UE, ce qui est classique en période de reprise économique », rappelle d'abord l'étude. « Le constat est particulièrement marqué en France où un point de croissance n'a entraîné que 0,2 point de créations d'emplois sur la période 2003-2006 contre 0,7 point sur la période 1998-2002 », ajoute toutefois l'étude.

Et d'avancer plusieurs raisons. D'abord, 35 heures aidant, les salariés français travaillent moins que leurs voisins européens (voir graphique), 37,9 heures par semaine en moyenne contre 40,6 heures dans le reste de l'UE. « Cet écart met la France dans une position très défavorable en termes de compétitivité », note l'étude.

Ensuite, les dépenses supplémentaires engagées dans le développement de l'emploi ne garantissent pas de meilleures performances du marché du travail, loin s'en faut. En 1982, date à laquelle le taux de chômage était au même niveau qu'aujourd'hui, les dépenses pour l'emploi représentaient 3,2 % du PIB contre 5 % aujourd'hui, soit un montant additionnel de 30 milliards d'euros. Une somme « dépensée sans résultats apparents sur le chômage ».

Et alors que l'ensemble des pays européens ont réussi à améliorer le fonctionnement de leur marché du travail, « la France est restée à la traîne. Le taux d'emploi français reste durablement plus faible et bien qu'il ait nettement reculé, le taux de chômage est désormais l'un des plus élevés des pays de l'Union européenne », déplore Rexecode.

Ce n'est pas que la France n'ait rien tenté : de nombreuses mesures récentes semblent avoir porté des fruits, de la prime pour l'emploi à l'instauration du CNE en passant par les baisses des charges (dont l'étude note au passage que depuis 1997, elles ne font que compenser le surcoût des 35 heures ou du smic). C'est plutôt que l'ensemble de ces mesures semble avoir atteint ses limites. Ce qui semble aussi le cas de celles visant à améliorer la gestion du chômage.

Réformer en profondeur

Un bilan de l'Unedic sur le renforcement du contrôle des chômeurs indique en tout cas que si les sanctions à l'encontre des fraudeurs ont été multipliées par trois l'an dernier, le nombre de dossiers litigieux a fortement diminué. Sur l'ensemble des cas signalés en 2006, seuls 2,7 % ont débouché sur une exclusion définitive contre 7,2 % en 2005. Comme si, là aussi, il n'y avait quasiment plus d'améliorations à attendre de la mesure.

La France serait-elle donc arrivée au bout de son potentiel de créations d'emplois et au plus bas de son taux de chômage ? Sans en appeler franchement à la rupture, l'étude de COE-Rexecode prévient : « Aucune réforme de fond du marché du travail n'ayant été conduite, l'économie française retrouve progressivement ses mécanismes habituels. » Un encouragement fort à réformer en profondeur le marché du travail. Par la négociation, voire la loi si les partenaires sociaux n'aboutissent pas.

XAVIER BOURMAUD.
le 27 juillet 2007
Le Figaro

*Photo : CONSTAT. Le taux d'emploi français reste durablement faible. Le taux de chômage, bien qu'il ait reculé, est l'un des plus élevés de l'Union.

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