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Thursday, June 7, 2007

* G8 : Tous contre Poutine *

*** Pour son probable dernier sommet du G8, à Heiligendamm, le président Poutine doit faire face à une salve de critiques lancées par ses homologues occidentaux. Mais sa cote de popularité devrait lui permettre de faire face, estime la presse russe.

"Vladimir Poutine a, semble-t-il, donné un coup de pied dans la fourmilière occidentale", assure la Komsomolskaïa Pravda. Critiquant le bouclier antimissile américain, le chef du Kremlin a "menacé de répondre dignement à cette provocation" en pointant les missiles russes vers des cibles en Europe. Si les Etats-Unis ont vivement réagi, les opposants libéraux russes ne sont pas en reste et se sont mobilisés pour dénoncer la dégradation de la démocratie et des droits de l'homme en Russie. Mais "cela a-t-il un sens de se plaindre de ses problèmes à l'étranger ?" demande le journal, qui souligne que ces opposants "n'ont jamais été des prophètes dans leur propre pays".

"Un ultimatum attend Poutine", affirme Gazeta.ru, pour qui "l'événement principal sera la rencontre entre Vladimir Poutine et George W. Bush", le jeudi 7 juin, avec "comme ordre du jour le déploiement du bouclier américain en République tchèque, où il s'est rendu avant le sommet, et en Pologne, où il se rendra juste après". Par ailleurs, une rencontre avec Tony Blair s'annonce "encore plus compliquée" après que le Premier ministre anglais "a ni plus ni moins menacé du retrait des investisseurs britanniques de Russie si elle 'ne démontre pas son attachement aux valeurs démocratiques occidentales", rapporte le quotidien en ligne russe.

Même "le nouveau président français Nicolas Sarkozy, ami personnel du chef de l'Etat géorgien Dmitri Saakachvili, trouvera quelque chose à redire au président russe", note la Nezavissimaïa Gazeta. Dans son éditorial, le journal russe d'opposition souligne que "la rencontre d'aujourd'hui entre les leaders des pays du G8 est la plus difficile pour Vladimir Poutine. Jamais il ne s'était préparé à un sommet où les participants ont tant de choses à se reprocher."

Mais en Russie certains s'élèvent contre les leçons de démocratie de l'Occident. NG rappelle que Poutine a l'avantage d'un taux de popularité en fin de mandat plus élevé que ceux de Bush et de Blair à leur entrée en fonction. Pour sa part, Vitali Tretiakov, rédacteur en chef des Moskovskié Novosti, observe avec ironie que "ce qui est permis à nos opposants ne l'est pas aux leurs". "Les antimondialistes ont été chassés de Heiligendamm avec une précision et un pédantisme caractéristiques des Allemands, équipées de canons à eau et de gaz lacrymogènes, ce à quoi nos forces antiémeutes, les OMON, armées de leurs matraques, n'ont pas pensé".

Par ailleurs, la NG s'interroge sur "l'absence de réponses claires" justifiant le déploiement de missiles antimissiles américains en Alaska, en Californie et en Pologne. De plus, le quotidien reconnaît que "l'intégration dans ce système de pays de l'ancien pacte de Varsovie est une provocation à l'endroit de Moscou. Provocation tout aussi hardie que l'élargissement de l'OTAN à des pays de l'ancien bloc soviétique." Pourtant, "Téhéran n'a jamais adressé de menaces à l'Europe ni aux Etats-Unis. En revanche, nous avons souvent entendu celles visant Israël. Pourquoi ne pas installer le bouclier américain là-bas?" Pour le quotidien moscovite, "Poutine supportera sûrement les critiques de ses partenaires. Mais, à l'avenir, il faudra apporter des corrections à notre politique intérieure pour que les 'démocrates pure souche' n'y voient pas d'objection. Cela sera-t-il suffisant pour contraindre l'Occident à réviser ses plans vis-à-vis de la Russie, c'est une autre question."

Philippe Randrianarimanana

Courrier International
7 juin 2007

*Photo: Vladimir Poutine à son arrivée en Allemagne, le 6 juin
AFP

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