*HUB «DIGITAL DIPLOMACY» «DIPLOMATIE NUMERIQUE»* BY MORGANE BRAVO

Monday, July 9, 2007

*Allocution de M. Nicolas SARKOZY, Président de la République, à l'occasion de la grande réunion publique sur le thème de l'Europe.*

*** Mesdames et Messieurs,

Il y a quelques mois je suis venu à Strasbourg effectivement, Chère Fabienne, Cher Robert, pour parler de l'Europe, de l'idée que je m'en faisais, de la place que je voulais lui donner dans la politique de la France telle que je la conduirais si j'étais élu Président de la République.

Ce soir-là, j'ai dit aux Français ma vérité sur l'Europe. Ce soir-là, j'ai pris des engagements, des engagements devant les Français à propos de l'Europe.

Ce soir, je reviens à Strasbourg. Je viens rendre des comptes aux Français de ce que j'ai fait dans la perspective de ce sommet européen qui restera comme un moment important dans la construction de l'Europe.

Ce soir, je viens dire aux Français, quelles leçons je tire de ce qui s'est passé pour le présent et pour l'avenir. Quand on prend des engagements, on les tient. Le divorce entre la France et la politique, ce sont des paroles données et jamais tenues. La rupture que j'appelle de mes vœux, c'est celle-ci : ce que j'ai dit avant les élections, je le tiendrai après. Je veux réconcilier les Français avec la politique.

Avant de venir ici, quand j'ai parlé de l'Europe, ce 21 février dernier, je m'étais arrêté à Verdun.

Je me souviens qu'à ceux qui ce soir-là étaient venus m'écouter, j'ai dit l'impression que j'avais eue d'entendre, sortant de la terre où furent versés tant de larmes et de sang, ce cri qui fut celui de tous les survivants de cet enfer : "Plus jamais cela !"

Plus jamais un tel carnage, plus jamais deux peuples européens au XXe siècle dressés l'un contre l'autre dans le but de se détruire !

Je me souviens que j'ai parlé de cette fatalité tragique qui dans chaque guerre préparait la suivante, qui dans chaque meurtre annonçait le meurtre à venir.

Je me souviens que ce soir-là j'ai évoqué des hommes de bonne volonté qui s'appelaient CHURCHILL, de GAULLE, SCHUMAN, MONNET, GASPERI, effarés par l'indicible horreur des camps et les souffrances de la guerre, qui avaient choisi de montrer au monde qu'un idéal de paix et de fraternité pouvait être plus fort que l'esprit de vengeance et de haine, attisé par le souvenir du malheur.

Ce fut à ce moment-là que naquit en Europe une volonté de tout faire pour que les valeurs de la civilisation européenne ne soient pas anéanties par la guerre civile européenne.

Cette volonté, qui fut d'abord celle de quelques grandes consciences isolées, forgea en quelques générations une véritable conscience européenne.

Cette volonté, cette conscience furent d'abord françaises.

C'est la France qui a le plus voulu l'Europe et qui l'a rendue possible en prenant l'initiative du geste fraternel qui allait changer le cours de l'histoire. Car si l'Europe de la civilisation et de la culture est un héritage multiséculaire, si l'homme européen est une réalité depuis bien longtemps, l'Europe telle que nous la connaissons, telle que nous la voulons, l'Europe de la paix, l'Europe des peuples qui ne sont plus rivaux, qui ne sont plus ennemis, qui sont des partenaires, l'Europe des nations conscientes que leur destin est commun et décidées à le forger ensemble, l'Europe fraternelle, cette Europe, elle est sortie de la réconciliation franco-allemande, elle est sortie de cette volonté commune non pas d'oublier les souffrances mais de les surmonter, non pas de récuser un passé douloureux mais de regarder ensemble vers l'avenir.

L'amitié franco-allemande est à l'origine de l'Union européenne. Elle en restera le ciment à jamais. C'est pourquoi, Strasbourg, symbole de la réconciliation franco-allemande, est à jamais la capitale de l'Europe. Parce que c'est ici que l'on s'est battu et c'est ici que l'on s'est réconcilié.

L'union de l'Europe n'est pas fondée sur la repentance. L'union de l'Europe n'est pas fondée sur l'expiation d'une histoire tragique. Elle est fondée sur la volonté partagée par tous les peuples européens de tirer les leçons de cette histoire.

Elle est fondée sur la volonté partagée de préserver l'immense héritage de civilisation que les siècles nous ont légué, de conserver ce trésor inestimable que j'appelle l'humanisme européen, de garder vivant l'homme européen, cet idéal humain que nous avons voulu faire partager, de façon universelle, à tous les hommes à travers le monde.

Le jour où il fit entrer Jean MONNET au Panthéon, François MITTERRAND déclara : "l'Europe restera, quoi qu'il advienne, celle de Jean MONNET".

Elle restera aussi celle de Schuman et celle du général de Gaulle. Ce qui donne à la France une responsabilité particulière dans la construction de l'Europe. Cette responsabilité, elle est politique. Mais oserai-je le mot ? Elle est plus encore morale. C'est cette responsabilité, politique et morale, que j'ai voulu assumer.

Ce que ces Français illustres ont accompli et qui est si grand au regard de l'Histoire, mes chers amis, nous avons le devoir de le continuer. C'est le premier devoir du Président de la République française.

Depuis toujours, la France n'est elle-même, la France n'est grande, la France n'est forte que lorsqu'elle se place au centre de gravité de l'Europe.

Ce que, pendant des siècles, la France a accompli en Europe dans l'ordre de l'esprit, dans l'ordre de la pensée, dans l'ordre spirituel ou dans celui de la puissance, elle doit l'accomplir maintenant dans l'ordre politique au service de cette union de peuples sans cesse plus étroite qui est la définition que donnaient du projet européen les pères fondateurs.

Ce devoir, il n'est pas seulement le nôtre, à nous, Français, à cause de MONNEt, SCHUMAN et de GAULLE. Nous n'avons pas le devoir de faire l'Europe seulement pour être dignes de ce qu'ils ont accompli au nom de la France. Mes chers amis, nous avons le devoir de faire l'Europe pour être fidèles à nous-mêmes.

Nous avons le devoir de faire l'Europe pour exactement les mêmes raisons qui les ont poussés à la faire et qui tiennent à ce que nous sommes, qui tiennent en vérité à notre identité française qui est au croisement de tous les courants de pensée et de culture, de toutes les sensibilités et de toutes les croyances de l'Europe.

Il n'y a pas de culture française sans SHAKESPEARE, sans DANTE, sans GOETHE, sans CERVANTES. Il n'y a pas de culture française qui regarde comme étrangers FAUST, DON QUICHOTTE ou HAMLET. La pensée française est l'héritière de KANT, de SPINOZA autant que de MONTAIGNE, de PASCAL ou de DESCARTES.

Nous avons un devoir vis-à-vis de l'Europe parce que l'Europe, c'est une part de nous-mêmes sans laquelle nous ne serions pas ce que nous sommes, parce que la conscience européenne, c'est notre conscience, parce que la culture européenne, c'est notre culture, parce que le destin de l'Europe, c'est notre destin, parce que l'identité de l'homme européen, c'est notre identité. Etre Européen et être Français, c'est respecter son histoire, son identité et ses valeurs. Voilà le message, qu'en tant que Président de la République française, je me dois de porter.

Alors, bien sûr, qu'est-ce que l'idéal européen ? C'est la volonté de dresser l'Europe contre la mort d'une certaine idée de l'homme et de la civilisation dont la menace fut d'abord dans la succession des guerres civiles européennes puis dans la guerre froide, et qui se trouve aujourd'hui dans le risque d'aplatissement du monde global et dans les crispations identitaires qu'il provoque.

Voilà ce que c'est, l'idéal européen. Voilà ce à quoi, il nous faut toujours revenir quand nous doutons de l'Europe.

Voilà la finalité de tous ces efforts que nous faisons pour construire l'Union européenne.

Cette finalité, nous ne devrions jamais la confondre avec les moyens utilisés pour l'atteindre.

Nulle part plus que sur le sujet de la construction européenne, la confusion des moyens et des fins peut être désastreuse.

Les institutions, les procédures, les directives, les règlements ne sont pas des fins en soi. Ce ne sont que des moyens. Que l'on perde de vue la finalité de tout cela. Que l'Europe cesse d'être un projet de civilisation pour ne plus être que de la technique, pour ne plus être qu'un empilement de textes, de normes, de critères, et le ressort se casse.

Pour mettre d'accord 27 pays qui sont de vieilles nations chargées d'histoires, qui ont leur caractère, qui ont leurs intérêts, il faut qu'il y ait un élan. L'élan se brise quand l'objectif est perdu de vue, quand la signification de ce que l'on fait n'est plus compréhensible.

Je vais vous dire le fond de mon cœur. Ce ne sont pas les traités de paix qui font la paix entre les peuples, mais la volonté des peuples de ne plus se battre. Ce ne sont pas les traités européens qui font progresser l'esprit européen, mais l'esprit européen qui permet de conclure des traités.

Chaque fois que l'Europe a remplacé les fins par les moyens, elle a traversé une crise. Chaque fois que l'Europe ne s'est plus souciée que de son organisation et de son fonctionnement sans plus se demander au service de quel projet était cette organisation ni pour quelle cause elle était censée fonctionner, l'Europe est devenue incompréhensible et elle a suscité le rejet. L'Europe qui devait rassurer a fini par inquiéter.

Rien n'est pire que la grande machine de l'Europe quand elle donne l'impression d'être devenue sa propre fin, de ne plus fonctionner que pour elle-même, de ne plus tourner que sur elle-même, car alors elle ne peut plus faire appel à la conscience européenne pour la soutenir.

Je veux le dire ce soir à tous les Français et à tous les Européens, en prenant mes responsabilités : ce n'est pas le "non" au référendum des Français et des Néerlandais qui a mis l'Europe en crise. C'est la crise de l'esprit européen qui a provoqué les "non" français et néerlandais et qui aurait sans doute provoqué d'autres "non" dans d'autres pays européens si ceux-ci avaient organisé un référendum.

Je veux dire à tous ceux qui sont attachés à la construction européenne et qui plaçaient beaucoup d'espoir dans la Constitution européenne, que la Constitution européenne ne pouvait pas être une fin en soi. Je veux leur dire que la Constitution européenne n'était qu'un moyen de faire avancer l'Europe, mais que la Constitution européenne n'était pas l'Europe.

Je veux leur dire que le traité simplifié sur lequel les 27 pays de l'Union se sont mis d'accord à Bruxelles le 23 juin dernier, ne marque pas du tout un recul de l'esprit européen, il témoigne au contraire du renouveau de l'esprit européen, du renouveau d'une volonté européenne commune à tous les pays membres, d'une volonté plus forte que les égoïsmes nationaux, plus forte que les susceptibilités nationales.

Le recul de l'esprit européen, cela aurait été que ceux qui avaient ratifié la Constitution ne veuillent rien entendre, ne veuillent plus se mettre autour de la table pour discuter d'un autre texte, pour chercher un autre accord.

Le recul de l'esprit européen, cela aurait été de considérer la Constitution comme une fin en soi au point de ne rien vouloir faire pour chercher à réconcilier les peuples avec l'Europe.

Le recul de l'esprit européen, cela aurait été de considérer la Constitution comme une fin en soi au point de prendre le risque de briser le rêve européen. Et je pense particulièrement au peuple français qui s'était exprimé clairement, qui avait dit "non" à la Constitution, et dont la décision devait être respectée.

A s'en tenir obstinément à une Constitution que les Néerlandais et les Français avaient rejetée et que tant de citoyens européens regardaient avec méfiance, on aurait mis l'Europe dans une impasse et on aurait trahi l'idéal européen.

Il faut chercher la cause de l'échec de la Constitution européenne non pas tant dans la Constitution elle-même que dans l'incapacité, depuis trop longtemps à faire partager les finalités de l'Europe par les peuples, à donner du sens à cette union difficile, compliquée, qui doit surmonter tous les jours d'innombrables obstacles.

La cause de l'échec, il faut aller la chercher dans ce sentiment de plus en plus répandu que la construction européenne, ce n'était plus l'accomplissement d'un destin commun, mais la mise en place d'un réseau de plus en plus serré de contraintes.

Il faut aller la chercher dans la perception de l'Union non plus comme l'expression d'une volonté commune, mais comme l'alibi de tous les renoncements.

La cause de l'échec de la Constitution et de la crise de l'Europe, il faut aller la chercher dans cette grande dérive vers la dépolitisation de l'Europe qui voulait partout remplacer la décision politique par des règles, par des normes, par des procédures, qui voulait partout substituer l'expertise technique à la volonté politique, qui voulait partout faire prévaloir le choix technique sur le choix politique.

C'est cette dérive, bien éloignée de l'esprit des pères fondateurs, bien loin de l'idéal de MONNET et de Schuman, qui a été sans doute la cause principale des difficultés auxquelles s'est heurtée la construction européenne depuis des années.

Au lieu de dire aux peuples : "voilà ce que nous pouvons faire ensemble de grand", on leur a répété inlassablement : "nous n'y pouvons rien", et en plus, on leur a dit que c'était à cause de l'Europe. Il ne faut pas s'étonner que cela soit mal fini.

Cette dépolitisation de l'Europe qui conduisait fatalement à un renoncement européen était d'autant plus dangereuse qu'elle plaçait l'Europe dans l'obligation de subir au lieu de la mettre en capacité d'agir dans un monde où tous les autres continents défendent vigoureusement leurs intérêts. Faire de l'Europe la victime expiatoire de la mondialisation et la variable d'ajustement des stratégies de tous les autres, n'était pas la meilleure façon de fortifier l'esprit européen.

L'Europe a souffert. Elle a souffert d'une grande confusion des fins et des moyens qui l'a privée de politique. Et si le sommet de Bruxelles, le dernier, a été si important, c'est d'abord parce qu'il marque le retour de la politique dans la construction européenne. L'Europe doit être l'affaire des politiques, c'est-à-dire de femmes et d'hommes qui assument leurs responsabilités, qui les prennent et qui rendent des comptes, qui sont élus et qui sont battus si les comptes qu'ils rendent ne satisfont pas le peuple.

L'Europe n'est pas une machine qui tourne à vide. L'Europe, c'est une volonté politique où chacun doit comprendre où l'on va. Pour la première fois depuis longtemps, à Bruxelles, la politique a fait que l'on a attaché aux fins plus d'importance qu'aux moyens.

On a fait de la politique dans ce sommet européen, au sens le plus élevé du terme.

On l'a fait en reconnaissant que la Constitution n'était pas une fin en soi et en acceptant de se mettre d'accord sur un traité simplifié.

On l'a fait en reconnaissant que la concurrence était un moyen et non une fin.

On l'a fait en reconnaissant la protection des citoyens comme une finalité de l'Union.

On l'a fait en reconnaissant la spécificité des services publics.

On l'a fait en donnant force de loi à la Charte des droits fondamentaux.

Ici à Strasbourg le 21 février, j'ai proposé un traité simplifié pour que les Européens puissent à nouveau parler ensemble, décider ensemble.

Cela paraissait impossible. Et cela s'est produit. Il y a eu de la part de tous les dirigeants politiques de l'Europe, socialistes ou non, du nord ou du sud, de l'est et de l'ouest, une envie de sortir du blocage. Et cette envie, elle est profondément noble parce qu'elle est politique. Il y a eu de la part de tous les chefs d'Etat et de gouvernement européens une prise de conscience des enjeux qui a poussé chacun à dépasser les jeux de rôles diplomatiques, les conformismes de la pensée, les postures qui condamnaient l'Europe à la paralysie politique et qui laissaient le champ libre aux bureaucraties.

Le sommet de Bruxelles a bien sûr été un grand succès pour la présidence allemande. Mme MERKEL a fait un travail remarquable. Il a été un succès pour la France.

Mais ce succès auquel bien peu croyaient il y a quelques mois n'est pas le succès de tel ou tel pays.

C'est le succès des 27.

C'est le succès de l'esprit européen qui a poussé chacun à faire des concessions plutôt qu'à risquer d'être celui qui briserait le grand rêve de l'unité européenne.

C'est le succès de la volonté politique contre l'esprit d'abandon et de renoncement.

Cela faisait deux ans que cela ne bougeait pas. En quelques semaines, cela s'est remis à bouger.

Une conférence intergouvernementale va se réunir pour prévoir les détails et les modalités de mise en œuvre de ce qui a été décidé. Puis interviendra la ratification par les Parlements nationaux sous la forme non d'une nouvelle Constitution mais d'amendements aux traités existants.

Dès 2009, l'Europe sera dotée d'institutions nouvelles : un président stable, un Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, la reconnaissance juridique de l'Eurogroupe, un véritable contrôle des Parlements nationaux sur les propositions de la Commission pour faire respecter le partage des compétences entre l'Union et les Etats membres, le vote à la majorité qualifiée étendu à de nombreux domaines au lieu de la règle de l'unanimité forcément paralysante dans une Europe à 27, le renforcement du rôle du Parlement européen, qui fait de Strasbourg la capitale parlementaire de l'Europe, la double majorité qui permettra de corriger les insuffisances du Traité de Nice et qui entrera en vigueur en 2014

Il s'agit de réformes capitales.

Grâce au président stable du Conseil européen, élu pour un mandat de 2 ans ½ renouvelable une fois, l'Union aura un visage, l'Union aura une volonté propre, l'Union aura une continuité dans l'action au lieu de changer de président tous les 6 mois. Grâce à un Haut représentant, l'Europe pourra enfin parler d'une même voix face aux grandes puissances mondiales. Il ne s'agit pas de remplacer les diplomaties nationales par une diplomatie européenne. Mais il s'agit que lorsque les gouvernements européens se mettent d'accord, une seule personne agisse en leurs noms au lieu de trois, aujourd'hui.

Le vote à la majorité qualifiée permettra de décider et d'agir. Je pense à la coopération contre la criminalité. Je pense à la politique de l'énergie en Europe, dont nous avons tellement besoin. Je pense à la politique d'immigration européenne, dont nous avons tellement besoin. Dans ces domaines si essentiels, l'Union va sortir de la paralysie.

Le nouveau traité, en reconnaissant à l'Eurogroupe un véritable pouvoir de décision, jette les bases du futur gouvernement économique de la zone euro.

Les Parlements nationaux, Mesdames, Messieurs les Parlementaires, pourront contrôler les propositions de la Commission, pourront vérifier qu'elles sont conformes au principe de subsidiarité. Ainsi l'Europe pourra décider, l'Europe pourra fonctionner.

Quand on ne voyait que la machine à produire des normes, à édicter des règles, à fabriquer des jurisprudences, il n'y avait pas d'urgence. La machine tournait.

Mais quand on regardait sous l'angle politique, il y avait urgence. Car nulle machine administrative, technocratique, judiciaire ne peut tourner longtemps sans la légitimité, sans l'adhésion, des valeurs, des objectifs, des idéaux partagés.

Je le dis parce que je le pense. L'Europe était en péril, minée par des crises à répétition, minée par la défiance des peuples, minée par le doute. Je crois qu'aujourd'hui, l'Europe est sauvée.

Non pas seulement parce qu'elle peut mieux fonctionner, mais parce que s'est exprimée une volonté pour qu'elle ne meure pas. Parce que pour la première fois dans un sommet européen, depuis bien longtemps, on a accepté, chose extraordinaire, de s'interroger sur les finalités de l'Europe. Parce que, pour la première fois depuis bien longtemps, les dogmes sur lesquels l'Europe avait pris l'habitude de fonctionner sans se poser de question, ont été remis en cause, parce que pour la première fois, il n'y a eu aucun de ces débats interdits qui stérilisent depuis si longtemps la pensée européenne. Comme si, à chaque fois que l'on parlait de l'Europe, on n'avait plus le droit de rien dire.

La plus grande réussite de ce sommet, c'est que la politique a repris ses droits. A commencé de s'opérer cette improbable synthèse entre les partisans du "oui" et ceux du "non". Au désenchantement des peuples qui montait vis-à-vis d'une Europe qui semblait ne tenir aucune de ses promesses, au repli sur les identités nationales qui s'installait face à la perte des repères et du sens, au retour des nations qui partout dans le monde exprime quoi : le besoin de protection ; la synthèse entre l'Europe du "oui" et celle du "non", c'est la seule solution raisonnablement opposable. Il n'y avait pas, d'un côté, les intelligents qui avaient tout compris et, de l'autre, les obtus qui n'avaient rien compris. Il y avait des gens inquiets qui exprimaient un besoin de protection.

Par synthèse, je ne veux pas dire la recherche du juste milieu entre le "oui" et le "non". Je veux dire le dépassement des contradictions. Cette synthèse, elle se trouve dans la vision d'une Europe qui se donne les moyens d'agir et de se protéger.

La synthèse entre le "oui" et le "non", elle se trouve dans une Europe qui, renonçant à toute naïveté, se donne les moyens d'agir, de lutter contre tous les dumpings, d'instaurer, ce n'est pas un gros mot, une préférence communautaire, de mettre en œuvre des politiques industrielles. Nous avons créé l'Europe pour que l'on garde des usines, des industries sur le territoire de l'Europe, pas pour que nous les regardions partir vers d'autres continents en restant les bras croisés sans rien faire. L'Europe, ce n'est pas cela.

La synthèse entre le "oui" et le "non", elle se trouve dans une Europe, j'ose le mot, qui n'accepte pas la désindustrialisation, qui ne reste pas les bras croisés devant les délocalisations, qui ne se soumet pas à la pseudo-dictature des marchés.

La synthèse entre le "oui" et le "non", elle se trouve dans une Europe qui n'est pas malthusienne mais qui est capable d'investir massivement dans les activités de demain, dans les infrastructures, dans la formation, dans la recherche.


La synthèse entre le "oui" et le "non", elle se trouve dans une Europe où l'euro sera enfin mis au service de la croissance et de l'économie. Nous n'avons pas créé la deuxième monnaie du monde pour être les seuls à ne pas s'en servir.

La synthèse entre le "oui" et le "non", elle se trouve dans une Europe qui évite par tous les moyens en son sein la course sans fin au moins disant fiscal et au moins disant social.

La synthèse entre le "oui" et le "non", elle se trouve dans une Europe qui maîtrise l'immigration, où nul ne peut décider de régularisation massive sans l'accord des autres.

La synthèse entre le "oui" et le "non", elle se trouve dans une Europe qui respecte les nations, qui veut qu'elles coopèrent, qu'elles s'unissent, qu'elles délèguent une partie de leur souveraineté, mais qui ne veut pas qu'elles disparaissent, qui ne veut pas se construire contre elles.

La synthèse entre le "oui" et le "non", c'est une Europe où les nations ont leur place, où elles ont leur rôle, où la nation pour l'essentiel continue à servir le cadre à la démocratie, c'est une Europe qui respecte la subsidiarité, c'est une Europe qui ne fait que ce que les nations ne peuvent pas bien faire, c'est une Europe qui demeure fondamentalement une Europe de nations exerçant en commun leur souveraineté.

La synthèse entre le "oui" et le "non", c'est une Europe qui refuse la mondialisation sans règle. Je l'ai dit au G8, devenu G24 en présence de M. LAMY : c'est une Europe qui s'ouvre à la mondialisation et au libre-échange, mais dans la réciprocité. C'est, par exemple, une Europe qui n'accepte pas que les Etats-Unis obtiennent à l'OMC une dérogation pour soutenir les PME et que cette dérogation que l'on a accordée aux Etats-Unis, on ne la consente pas dans les mêmes conditions pour l'Europe. Ce n'est pas de la concurrence loyale.

La synthèse entre le "oui" et le "non", c'est l'Europe qui se tourne vers le sud, qui tend la main à l'Afrique et qui s'investit pleinement en Méditerranée, c'est l'Europe qui est prête à faire de la Méditerranée le pivot d'une grande union eurafricaine, c'est l'Europe qui, à côté de Barcelone et du dialogue Euro-méditerranée, soutient et encourage l'union de la Méditerranée, parce que c'est son avenir.

C'est une Europe puissance, dans une Europe démocratique, c'est une Europe qui renoue avec la philosophie de ses pères fondateurs quand ils ont inventé la communauté européenne du charbon et de l'acier, le marché commun, la politique agricole commune. Chaque Européen savait alors à quoi servait l'Europe.

A cette époque, on se réunissait pour exprimer une volonté collective à travers une politique commune. Depuis, on a trop souvent pris l'habitude de se réunir et la réunion devient un événement. A quoi bon se dire des choses à la réunion, puisque c'est la réunion qui compte ? Et dans cette réunion, on décide comment ne plus faire aucune politique, comment interdire à quiconque de prendre le risque de décider. J'étais très étonné. On m'a dit : "Oh, la, la, vous allez renouveler les débats !" Je n'ai rien renouvelé du tout. Je me suis assis à ma chaise et j'ai dit ce que je pensais. Je ne pensais pas que c'était si nouveau que cela de dire ce que l'on pense à la table du conseil européen. C'est pourtant notre devoir. Je voudrais vous dire, je refuse ces communiqués interminables où moins on en a fait, plus on en dit : huit pages de communiqués ! Ici, je parle sous le contrôle, sans avoir aucun risque d'être démenti. De tous les parlementaires qui ont exercé des fonctions de ministre un jour, de gauche ou de droite, combien de fois se sont-ils dits dans les Conseils des ministres européens : "qu'est-ce que je fais là ? Est-ce que j'ai compris ce qu'il y avait dans le texte que l'on sort ?" Oui, vous avez sans doute tout compris. Ce n'est pas mon cas. En tous les cas, j'ai compris une chose, c'est que l'on s'occupait des petits sujets pour refuser de s'occuper des grands. Voilà ce que j'ai compris et depuis bien longtemps. Et cela, je ne l'accepte plus. Oui, il y a des grands sujets, des très grands sujets.

La synthèse entre le "oui" et le "non", elle se trouve dans une Europe qui a des frontières, une Europe, je veux le dire, qui ne se dilue pas en s'élargissant sans fin. Je le dis comme je le pense. Les vrais Européens, ce sont ceux qui croient à l'Europe intégrée, c'est-à-dire une Europe qui a des frontières, qui ne devient pas à force d'élargissements successifs, une sous-région de l'ONU. Les vrais Européens veulent rester fidèles au Traité fondateur.

Le Traité simplifié exprime cette synthèse. C'est un premier pas. Mais c'est un pas décisif.

Avec ce Traité, il est clair que l'Union n'a pas vocation à devenir un super Etat, un seul pays, une seule nation, un seul peuple. Ainsi, la voie est désormais ouverte à un travail urgent et nécessaire sur les identités nationales au sein de l'Union. Travail urgent parce que les souverainetés sont devenues confuses et parce que les identités sont malades. Il suffit de se souvenir du charivari qu'a provoqué le mot identité nationale lors de la campagne. Dire que la France a une identité nationale, ce n'est quand même pas un gros mot.

En renonçant à la démarche constitutionnelle, on revient à la logique des traités. Cela signifie que tout l'acquis communautaire est préservé, et cela veut dire que le compromis du Luxembourg reste en vigueur.

C'est essentiel. C'est le signe qu'au-delà de toutes les délégations qu'une nation peut consentir, chacune garde la maîtrise ultime de son destin. C'est le signe que l'Europe est fondée sur le partage et non sur l'abandon.

C'est essentiel parce que l'Europe pour réussir doit être comme la nation selon MICHELET : un plébiscite de tous les jours, le fruit d'une volonté sans cesse renouvelée, sans cesse réaffirmée, de s'unir, de vivre ensemble, d'agir ensemble, et non un carcan dont chacun serait le prisonnier. L'Europe pour réussir doit se bâtir sur le libre-arbitre des peuples.

Pour que l'Europe existe, il ne faut pas que les nations soient privées de leur liberté. Il faut qu'elles s'aiment, il faut qu'elles se comprennent pour passer au-dessus de leurs divergences. C'est ce qui s'est passé à Bruxelles. Et c'est d'autant plus important que l'on a pu rouvrir la discussion sur l'essentiel, c'est-à-dire sur les valeurs qui sont le fondement de tout. On me l'a reproché, et pourtant je me suis battu.

Pour retirer symboliquement la concurrence libre et non faussée des objectifs de l'Union, le traité ne modifie pas le droit européen mais il ouvre une brèche pour les débats à venir. Débats urgents, débats nécessaires parce que je veux que la concurrence cesse d'être une religion, pour que la quête de la concurrence parfaite cesse d'être l'unique horizon des politiques européennes. L'Europe a trop reculé. La concurrence est un moyen, ce n'est pas une fin en soi. On ne fait pas l'Europe pour avoir la concurrence. On fait l'Europe pour avoir la croissance. On fait l'Europe pour avoir la paix. On fait l'Europe pour avoir le plein emploi. Mais qu'est-ce que cela veut dire faire l'Europe pour avoir la concurrence ? Cela ne veut rien dire du tout, en tout cas, si on a une vision politique de l'Europe. Oui, je le dis, l'Europe a trop reculé. L'Europe a trop perdu de temps sur l'Amérique qui ne s'embarrasse pas de tous ces détails, sur l'Asie, qui se moque de tous ces détails. L'Europe ne peut plus attendre. Pour que des champions nationaux et européens puissent émerger, pour que les prédateurs du monde entier n'aient pas le champ libre en Europe, pour que lorsqu'il s'agit de sauver une entreprise comme Alstom, les Etats puissent avoir le soutien de la Commission au lieu de l'avoir comme adversaire parce que les dogmes de la concurrence parfaite s'opposent à tout intervention publique. Je ne l'accepte pas. Que les choses soient claires, je le dis aux parlementaires européens qui sont ici, je veux rendre un hommage signalé au Président BARROSO, parlant sous le contrôle de Jean-Pierre JOUYET, qui, pendant ce sommet, a joué un rôle essentiel et avec qui nous nous sommes parfaitement entendus. Mais il est invraisemblable qu'en 2004, lorsqu'il s'est agi de sauver Alstom, j'ai du combattre contre la Commission, alors que la Commission aurait du m'aider parce que c'était une grande entreprise française et européenne, c'était des dizaines de milliers d'emplois. C'est aujourd'hui la première réussite industrielle française.

Certains juristes ont prétendu que retirer la concurrence libre et non faussée des finalités de l'Union, inscrire la protection, ne pas mentionner la primauté du droit communautaire sur le droit national, cela n'avait pas de portée juridique parce que c'est inscrit dans d'autres textes. Mais, justement, parce que c'est inscrit dans d'autres textes, ce n'était pas la peine de les rajouter. Mais si cette victoire n'est pas juridique, elle est néanmoins d'une grande portée symbolique et politique. Elle montre que les lignes bougent en Europe. Si l'on veut un jour changer le droit, il faut commencer par changer de politique. C'est ce qui s'est passé. Et cela aura des conséquences profondes dans la durée. Car c'est l'annonce, qu'on le veuille ou non, d'un changement de comportement et de mentalité. Vous vous rendez compte ! Le vendredi matin, Jean-Pierre m'a dit : "oh la la cela va aller mal !". On avait la Une du Financial Times, qui nous accusait de vouloir remettre en cause la concurrence et Jean-Pierre m'a dit : "on aurait du mal à gagner avec cela !" Eh bien, on a gagné, Jean-Pierre. Parce que je pense à une chose, moi, c'est que derrière il y a des dizaines et des dizaines de milliers d'emplois et de gens qui souffrent. Nous n'avons pas été élus pour porter un dogme. Nous avons été élus pour être pragmatiques, pour trouver des politiques efficaces, pour gagner et non pas pour appliquer un dogme.

Bien sûr que la concurrence est nécessaire, mais c'est le retour de cette approche politique qui a débloqué l'Europe.

A partir de là, l'avenir est tout tracé. Si l'on veut que l'Europe avance, qu'elle redevienne un projet partagé par tous les Européens, parce qu'ils auront le sentiment qu'au lieu de leur arracher la maîtrise de leur destin, on le leur rend, alors il faut remettre partout de la politique en Europe.

C'est l'objectif que je me fixe. Rien ne m'en détournera.

Je vais vous faire une confession : en France je vais continuer à faire de la politique. En Europe je vais faire de la politique, et sur la scène internationale je vais faire de la politique, parce que je suis un homme politique et un homme politique cela doit faire de la politique. Qu'est-ce que la politique ?

C'est exprimer une volonté la volonté du peuple qui nous a fait confiance. Partout je ferai de la politique, parce que je crois à la politique, parce que je crois à la capacité de la volonté politique à changer les choses, à infléchir le cours des événements. Nous ne sommes pas que des bouchons de liège sur une mer déchaînée. Si nous ne pouvons rien sur rien, alors pourquoi se présenter aux élections ? Il fallait mieux rester chez nous. Moi je pense que l'on peut tout si on a la volonté de mettre en œuvre une grande politique. D'ailleurs j'ai été élu pour cela, et peu m'importe que l'on dise : "oh là là, cela fait un mois et demi qu'il est là, il prend tellement de risques". Qu'est-ce que l'on croit ? Que mon but c'est de me cacher, que mon but c'est de me dissimuler, c'est de lever les mains en disant : je n'y peux rien, vous m'avez élu pour regarder la partie comme un arbitre. On m'a élu pour quoi ? Pour agir, pour réaliser, pour faire des choses, pour prendre mes responsabilités, pour faire des choix, et si cela marche, pour continuer, et si cela ne marche pas, il faut que je vous explique pourquoi cela n'a pas marché. La fonction de Président de la République n'est pas une fonction d'expert, une fonction éloignée des réalités, détachée de l'action, se tenant à distance des sentiments et des passions humaines. Président de la République c'est une fonction où il faut à mon sens prendre le réel à bras-le-corps, où il faut mettre tout son cœur, où il faut mettre toute son âme, où il faut mettre toute sa raison, toute son énergie pour agir, pour bousculer les habitudes, les routines, les idées reçues, pour rendre possible le changement. Si ce n'est pas le Président de la République élu qui le fait, qui le fera ? Personne.

Mes chers amis, je ne me résigne à rien, je ne me résigne pas à ce que l'Europe soit bureaucratique et technocratique, je veux qu'elle soit démocratique, je veux qu'il y ait de la responsabilité politique, je veux que les responsables politiques arrêtent de se cacher derrière une bureaucratie pour s'excuser de leur lâcheté, voilà ce que je veux pour l'Europe. Je veux que l'on arrête d'en faire un bouc émissaire. Je veux prendre des initiatives fortes. Je veux parler avec nos partenaires avec franchise. Je veux leur parler comme un homme politique élu qui parle à un autre homme politique élu et non comme à un diplomate qui parle à un diplomate, un expert à un expert, un technicien à un technicien et à la fin pressés de parler, baillant d'ennui, ils se disent nous avons beaucoup travaillé, on remet cela au lendemain. Ce n'est pas cela l'Europe. Je veux vous rendre des comptes comme je le fais ce soir, comme je le ferai tout au long de ces cinq années car je crois à l'Europe, je crois à la politique. J'irai moi-même l'expliquer dans quelques jours avec Christine LAGARDE, et vous savez que c'est pour moi un grand honneur d'avoir comme ministre des Finances une femme. Quand vous pensez que c'est la première fois dans l'histoire de la Ve République qu'une femme est ministre des Finances. Il a fallu attendre 2007 ! J'irai avec elle à l'Eurogroupe expliquer la stratégie budgétaire, économique et fiscale de la France parce que, cette explication, la France la doit à ses partenaires. C'est une question de respect, c'est une question de confiance. C'est le témoignage le plus fort qui puisse être donné de l'engagement européen de la France et de sa volonté de fonder l'Europe sur la volonté et sur la sincérité. A ceux qui seront surpris que le Président de la République aille s'expliquer devant les ministres des Finances de la zone euro.

Je veux dire que l'on ne peut pas réclamer un gouvernement économique pour la zone euro, que l'on ne peut pas réclamer que la politique ait davantage son mot à dire sur l'économie et sur la monnaie et ne pas s'engager au plus haut niveau politique.

Je veux que la France prenne ses responsabilités et je souhaite aussi que tous les Européens prennent la mesure de leur propre responsabilité face à l'Histoire.


Je veux ouvrir tous les débats, je veux poser toutes les questions, je veux évoquer tous les problèmes.

Je veux poser la question des dumpings monétaires, des dumpings sociaux, des dumpings écologiques.

Comment voulez-vous que l'on continue comme cela ? Nos entreprises doivent faire la compétition avec des pays qui se moquent de l'équilibre de l'environnement, qui ne respectent aucun droit social et qui pratiquent le dumping fiscal. Qui peut me dire que c'est cela la concurrence ? Cela c'est la déloyauté, ce n'est pas la concurrence.

Je veux poser la question de la préférence communautaire comme aux Etats-Unis. Cela fait bien longtemps qu'ils ont établi une fiscalité qui est plus favorable aux produits fabriqués aux Etats-Unis plutôt qu'aux produits fabriqués en Asie.

Je vous demande une minute d'attention. Je vais vous dire quelque chose de grave. Je peux poser la question de la surélévation de l'euro. Est-ce que l'on va pouvoir continuer à fabriquer des avions sur le continent européen alors qu'à chaque fois que l'euro s'apprécie de 10 centimes, Airbus a un déficit d'un milliard ? Je n'accepte pas cette politique parce que, mes chers amis, regardez ce que font les Américains avec le dollar, regardez ce que font les Chinois avec Yuan, regardez ce que font les Japonais avec le Yen. Je dis simplement que, quand le dollar perd 33% par rapport à l'euro, comment voulez-vous que nos entreprises puissent retrouver dans la productivité ce qu'elles ont perdu, de façon déloyale, dans la gestion politique des autres monnaies du monde ? J'ai voté pour l'euro, je crois dans l'euro. Mais enfin, la monnaie n'est pas un sujet tabou. La monnaie, je veux qu'on la mette au service de la croissance, de l'emploi, de vos enfants, de votre emploi, du plein emploi en Europe. Je ne veux pas que l'on en fasse un sujet dont seuls peuvent parler les banquiers.

Je me posais la question des politiques industrielles.

Je me posais la question du droit de la concurrence comparé à ce qui se pratique hors d'Europe.

Je veux poser la question de la pérennité de la politique agricole commune et de l'indépendance alimentaire de l'Europe. A quoi sert-il d'imposer à nos agriculteurs la traçabilité, la sécurité alimentaire, si l'on peut importer en Europe des produits dont on ne peut assurer et garantir ni la traçabilité ni la sécurité alimentaire ? Le jour où nous n'aurons plus d'agriculteurs, c'est l'indépendance alimentaire de l'Europe qui aura été perdue. Qu'est-ce que l'on dira sur la sécurité des consommateurs ? Moi, je ne vais pas à la table du Conseil européen avec mon béret et ma baguette. J'y vais pour défendre la sécurité alimentaire et l'indépendance alimentaire de tous les Européens. Tous les Européens ont besoin que vive une agriculture européenne, puissante, moderne, équilibrée, c'est cela la réalité. D'ailleurs, j'ai dit au Président BUSH : "je vous félicite, Monsieur le Président, de défendre les agriculteurs américains. Je ferai exactement la même chose pour les agriculteurs européens".

Je veux poser la question de la politique européenne du développement durable et de la fiscalité écologique. Si enfin on décidait tous ensemble, en Europe, que les produits propres bénéficient systématiquement du taux de TVA réduit.

Je veux poser la question de la règle de l'unanimité pour la baisse de la TVA alors qu'elle n'a aucune incidence sur la concurrence entre les Etats membres. Comment se fait-il que tel ou tel pays doit porter à zéro le taux de l'impôt sur les bénéfices et que nous, la France, il faille attendre l'accord unanime de tous les partenaires pour réduire de quelques points la TVA sur un secteur ? La règle doit être la même. Soit on peut faire dans son coin sur l'ISF, alors on doit pouvoir faire dans son coin sur la TVA. Il ne peut pas y avoir deux poids et deux mesures dans l'Europe que je souhaite.

Je veux poser la question de l'effort de défense au regard de l'esprit du Pacte de stabilité. Bien sûr que la France, l'Allemagne, l'Italie et la Grande-Bretagne portent un effort de défense considérable mais est-ce que l'on va pouvoir continuer longtemps à avoir 4 ou 5 pays en Europe qui assurent la sécurité de tous les autres et de respecter les mêmes règles de déficit alors que tant d'autres n'ont pas les budgets de défense que nous avons ?

Je veux poser la question cruciale des frontières de l'Europe. Car, sans frontières, il n'y aura pas d'identité européenne et il n'y aura pas non plus de puissance européenne, parce que la volonté européenne sera condamnée à se diluer sans cesse. En évoquant les frontières, je pense à tous ces pays qui sont les voisins de l'Europe et avec lesquels l'Europe doit construire des liens particuliers mais, je le dis, qui n'ont pas tous vocation à devenir membre à part entière de l'Union.

Le moment est venu d'engager un réflexion à 27 pour dire : qu'est-ce que c'est que l'Europe ? C'est quels critères l'Europe ? Sur quels principes elle se définit ? Je veux que l'on aille plus loin. Je veux que l'on soit plus clair. Je ne veux plus qu'il y ait de malentendus, où tout le monde pense quelque chose là derrière, et dit autre chose là devant. Car c'est cela la réalité et ce n'est pas la peine de dire aux Français : "ne vous inquiétez pas, cela ne se fera pas". Si cela ne se fait pas, il n'y a qu'à le dire. Moi, je ne veux pas de malentendus. Je veux que l'Europe applique aussi aux relations avec ses voisins les principes dans lesquels je crois, des principes de vérité, de sincérité car sans vérité, sans sincérité, il n'y a pas d'amitié réelle. Je veux aller au-delà. L'Europe, ce n'est pas que la monnaie, ce n'est pas que la discipline budgétaire, ce n'est pas que le droit de la concurrence, ce n'est pas que des frontières, ce n'est pas que la pondération des votes. L'Europe, c'est un projet de civilisation.

L'Europe a besoin d'une nouvelle Renaissance. Elle a besoin de créer les conditions de cette Renaissance.

Elle a besoin de créer ce climat psychologique, intellectuel, moral grâce auquel, au sein de nos vieilles nations, chacun aura de nouveau l'intuition que tout est possible, qu'il peut réaliser ses rêves, que les possibilités de l'aventure humaine sont infinies, grâce auquel renaîtra la foi dans l'avenir et la confiance en soi.

C'est par le savoir, par la connaissance, par l'éducation, par la culture, par l'école, par l'université, par la recherche, que cette Renaissance commencera et qu'elle soulèvera toute la jeunesse européenne.

Au milieu des contraintes de toutes sortes, des difficultés et des grands bouleversements du monde, il faut à la France et à l'Europe une politique de civilisation. A mes yeux, elles sont indissociables, et le plus grand défi au fond pour nous tous, c'est d'être capable de les imaginer et de bousculer tous les conservatismes pour les mettre en œuvre.

Le plus grand défi, c'est d'imaginer des politiques capables de remettre partout de la vie, de la création, de l'innovation, de l'esprit de conquête. Parce que c'est cela qui manque à l'Europe d'aujourd'hui.

Il y a en Europe toutes les forces de l'esprit, toutes les énergies pour que ce miracle s'accomplisse. Il nous reste à les mobiliser.

Comme toujours dans l'Histoire, cette Renaissance tient sans doute à peu de choses : un peu d'audace, un peu d'intelligence, un peu de cœur, le plus dur, un peu de courage, un peu difficile, le plus compliqué, prendre des risques.

L'Europe sera une réalité quand elle aura trouvé en elle ce peu d'audace, d'intelligence, de cœur et de courage qui lui permettra de nouveau d'étonner le monde.

L'Europe le peut si elle le veut.

Le veut-elle vraiment ? De la réponse à cette question dépend tout notre avenir, celui de nos enfants, celui des générations futures et, oserai-je le dire, celui de la civilisation mondiale, car la civilisation mondiale n'aura pas le même visage selon que l'Europe aura ou non accompli sa Renaissance.

Mes chers compatriotes, une tâche immense nous attend. Elle est pleine de difficultés mais elle est exaltante. Nous l'accomplirons si nous savons nous ouvrir aux autres, si nous acceptons, je le mesure chaque jour, la différence comme une richesse et la diversité comme une chance.

Voilà ce que je voulais vous dire ce soir.

La France est de retour. Elle est de retour en Europe sans que la volonté que le peuple a exprimée lors du référendum sur la Constitution ait été trahie. Ce n'était pas facile. Il fallait faire revenir la France au cœur de l'Europe, faire redémarrer l'Europe sans trahir le message des Français.

J'ai dit pendant la campagne que je voulais vous rendre la fierté de la France, et je crois que chacun d'entre vous peut être fier du rôle que notre pays a joué dans la relance de la construction européenne. Et c'est avec la même ferveur que je veux vous dire ici, à Strasbourg, mes chers amis :


Vive l'Europe !

Vive la République !

Et vive la France !

Strasbourg, le lundi 2 juillet 2007

Wednesday, July 4, 2007

*Déplacement de Nicolas SARKOZY, Président de la République, à Lisbonne dans le cadre du premier Sommet Union Européenne– Brésil*


*** Déclaration de M. David MARTINON, Porte-parole, annoçant le déplacement de M. Nicolas SARKOZY, Président de la République, à Lisbonne dans le cadre du premier Sommet Union Européenne– Brésil.

Le Président de la République se rendra mercredi 4 juillet 2007 à Lisbonne, au centre culturel de Belém, dans le cadre du premier Sommet Union Européenne - Brésil, organisé par la Présidence portugaise de l'Union Européenne.

Le chef de l'Etat participera à 20h30, à un dîner offert par M. Anibal CAVACO SILVA, Président de la République du Portugal, qui rassemblera plusieurs chefs d'Etat ou de gouvernement dont M. José SOCRATES, Premier Ministre portugais et Président du Conseil de l'Union Européenne, M. Luiz Inácio LULA DA SILVA, Président du Brésil, ainsi que M. José Manuel BARROSO, Président de la commission européenne, et M. Javier SOLANA, Haut Représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune.

A ce dîner participeront également M. José Luis Rodriguez ZAPATERO, Président du Gouvernement espagnol, M. Romano PRODI, Président du Conseil italien et M. Janez JANSA, Premier Ministre slovène.

L'objectif de ce sommet est de développer un dialogue politique entre l'Union et le Brésil et de sceller un partenariat stratégique à la hauteur de leur poids international.

Cette rencontre sera également l'occasion pour les partenaires européens d'échanger avec ce grand acteur mondial sur des questions qui exigent une action globale : changements climatiques, questions énergétiques, prévention des conflits, lutte contre la pauvreté, etc.

Déclaration du Porte-parole


PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE
Paris, le mardi 3 juillet 2007

Tuesday, July 3, 2007

*Ces milliards perdus à cause de la pollution...*

*** Même l’hebdomadaire officiel pékinois Liaowang s’en émeut : les autorités locales sacrifient toujours l’environnement à la croissance économique.

Grâce à la délocalisation d’une usine pharmaceutique initialement implantée dans une région côtière, une préfecture du centre de la Chine a vu son PIB grimper de 100 millions de yuans par an [10 millions d’euros] et a redonné du travail à 400 de ses administrés. Les autorités locales sont ravies d’avoir réalisé une telle opération.
Le revers de la médaille, c’est le problème des eaux usées rejetées par cette usine dans un cours d’eau désormais pollué sur une dizaine de kilomètres. Une odeur nauséabonde empeste ses deux rives. Les champs sont souillés, tout comme les nappes phréatiques, tandis que, dans plusieurs villages, on tombe de plus en plus souvent malade. De toute évidence, il ne s’agit pas d’un cas isolé dans la Chine d’aujourd’hui. A l’issue de notre enquête consacrée aux problèmes environnementaux, nous constatons que les scènes de dévastation de l’environnement sont assez courantes. Des régions entières sont enfiévrées par le boom économique, mais, parallèlement, la pollution s’aggrave de façon inexorable. Très peu de cadres locaux gardent la tête froide et réfléchissent aux conséquences néfastes que cela peut avoir sur notre vie, sur notre développement à long terme et pour les générations futures. Ce qu’ils voient, c’est la “vitesse de développement”, qu’ils souhaitent toujours “plus rapide”.

Plus inquiétante encore est l’opinion des spécialistes de l’environnement. Selon eux, la croissance économique de la Chine repose principalement sur une prise de risque et fait main basse sur les ressources naturelles. La pollution de l’environnement et la destruction des écosystèmes prennent des proportions inédites et présentent désormais un caractère structurel. Les progrès économiques et sociaux marquent le pas. Aujourd’hui, la crise environnementale n’est plus à annoncer, elle est bel et bien devenue une limite au développement économique et social.
Pollution des eaux, des sols, dégradation de l’environnement, désertification, revanche de la nature… comment allons-nous supporter tous ces coûts environnementaux ?

En 2004, les pertes financières causées par la pollution dans l’ensemble du pays se sont élevées à 512 milliards de yuans, soit 3,05 % du PIB. Si l’on avait voulu, avec les technologies disponibles, éliminer les polluants diffusés dans l’environnement en 2004, il aurait fallu investir 1 079 milliards de yuans (soit près de 6,7 % du PIB).
Ces chiffres sont tirés du premier rapport national jamais publié en Chine évaluant d’un point de vue économique les atteintes à l’environnement. Il s’agit du “Rapport 2004 sur l’évaluation de l’économie nationale verte en Chine”, publié conjointement par l’Administration nationale pour la protection de l’environnement [plus connue sous son acronyme anglais SEPA] et le Bureau national des statistiques. Ce rapport, fruit de deux années de travail, s’est fondé sur des données collectées en 2004. Grâce à cette étude, la population peut pour la première fois apprécier de manière chiffrée les pertes économiques et sociales dues aux dégradations de l’environnement.

Mais, selon Pan Yue, sous-directeur de la SEPA, ce rapport ne se fonde que sur des données partielles, qui prennent en compte la pollution mais pas les dégâts durables causés à l’environnement – comme les dommages infligés aux nappes phréatiques et aux terres arables. Le rapport 2004 fournit donc un décompte lacunaire. Toujours est-il que le calcul des coûts environnementaux ne suffit pas ; l’essentiel est de vouloir les réduire. Lors de notre enquête dans les régions, nous avons relevé qu’aux yeux de certains dirigeants locaux seule importait la vitesse de développement. A continuer ainsi, nous risquons d’avoir à payer pour cela un prix de plus en plus fort.

Selon les experts, la pollution des eaux et les rejets de dioxyde de soufre, loin de baisser, restent à un niveau élevé. Cela s’explique par le fait que la croissance rapide du premier semestre 2006 a surtout été tirée par des investissements dans des secteurs industriels gourmands en énergie et polluants, comme les centrales thermiques. Les documents fournis par la SEPA montrent que, depuis la fondation de la République populaire, il y a une cinquantaine d’années, le PIB a plus que décuplé, tandis que la consommation des ressources minières a été multipliée par plus de quarante. Pour une même consommation de ressources naturelles, les Etats-Unis produisent dix fois plus de richesses, et le Japon vingt fois plus. Quant aux émissions de dioxyde de soufre et d’oxydes d’azote par unité de PIB, elles sont huit à neuf fois supérieures à celles des pays développés.

Les dégâts sur l’environnement sont visibles : les côtes de la Chine sont touchées quatre fois plus régulièrement par des marées rouges [dues à des algues toxiques qui colorent la surface de l’eau, souvent en rouge] que dans les années 1980 ; un tiers des grandes villes chinoises connaissent de graves problèmes de pollution atmosphérique ; dans certaines villes de petite et moyenne importance et dans les régions rurales, la pollution tend à s’accroître ; la Chine figure dans le trio de tête des pays du monde les plus affectés par les pluies acides ; les villes chinoises produisent chaque année 149 millions de tonnes d’ordures, dont moins de 20 % sont recyclées ; les nuisances sonores constituent également un grave problème. Mais c’est surtout la question de l’eau potable qui est la plus préoccupante : 90 % des cours d’eau traversant des agglomérations chinoises sont gravement pollués, 75 % des lacs souffrent d’eutrophisation et près de 300 millions de paysans boivent une eau non potable. De plus, 97,1 % des accidents environnementaux survenus en 2005 étaient des pollutions accidentelles, dont 50,6 % concernaient les milieux aquatiques. [En novembre 2005, la rivière Songhua, dans le nord-est de la Chine, a subi une grave pollution au benzène due à un accident industriel. Cette affaire a été la première à avoir une incidence directe sur un pays voisin, en l’occurrence la Russie. Elle a entraîné le limogeage du ministre de l’Environnement.]
Les maux s’accumulant, l’instabilité sociale provoquée par la pollution de l’environnement grandit chaque jour un peu plus. Le directeur de la SEPA, Zhou Shengxian, le confirme, en indiquant que les manifestations suscitées par des problèmes environnementaux ont augmenté ces dernières années à un rythme annuel de 29 %. En 2005, la pollution a été à l’origine de 51 000 litiges dans l’ensemble du pays. Depuis la pollution de la rivière Songhua, la Chine a été frappée par 73 autres catastrophes écologiques. Il est grand temps de mettre un terme à cette situation de soumission de l’environnement à la croissance économique.

*** CHIFFRES

Un coût humain exorbitant

Selon le Liaowang Xinwen Zhoukan, voici les principales conséquences des dommages causés à l’environnement en 2004.

• Pertes économiques
512 milliards de yuans [50 milliards d’euros], dont 42,9 % dus à la pollution atmosphérique, 55,9 % à la pollution de l’eau, 1,1 % aux accidents industriels et 0,1 % aux déchets.

• Coût du traitement (estimation)
287 milliards de yuans, dont 63,7 % consacrés à l’eau, 32,1 % à l’air, 4,2 % aux déchets. Une remise en état complète aurait coûté 1 079 milliards de yuans.

• Conséquences de la pollution atmosphérique sur la santé humaine
358 000 décès, 640 000 hospitalisations, 256 000 nouveaux cas de bronchite chronique, le tout pour un coût évalué à 152 milliards de yuans.

• Conséquences de la pollution de l’eau sur la santé humaine
118 000 décès (chez les paysans) dus au cancer, et un coût de 17 milliards de yuans ; sans compter 1 milliard de yuans supplémentaire à cause des maladies transmises par l’eau non potable.


Chen Zewei
Liaowang Xinwen Zhoukan (Outlook Weekly)
Courrier International

*Le Premier Ministre José Sócrates a rencontré les représentants du Parlement européen*


***« Le Traité, le Brésil, l’Afrique et la Stratégie de Lisbonne ». De cette façon claire et succincte le Premier Ministre, José Sócrates, a défini les priorités de la Présidence Portugaise de l’Union Européenne pour les prochains six mois.

José Sócrates parlait pendant la conférence de presse conjointe qu’il a maintenu ce matin, à Lisbonne, avec le Président du Parlement Européen, Hans-Gert Pöttering, à la fin de la réunion du Gouvernement de Lisbonne avec les dirigeants des différents groupes politiques de l’Assemblée de Strasbourg.

Pendant cette rencontre, le Président du Parlement Européen a remercié José Sócrates de la position prise lors du dernier Conseil Européen en défense de l’augmentation du nombre de représentants du Parlement Européen – de 2 à 3 – à la conférence intergouvernementale (CIG), qui négociera l’accord final sur le futur Traité de l’Union Européenne.

Cette position permet que le Parlement Européen désigne, très probablement, un représentant du groupe libéral du PE auprès de la CIG qui négociera et approuvera le Traité Réformateur. Normalement, les deux représentants du Parlement Européen sont désignés par les groupes socialiste et démocrate-chrétien.

Le Premier Ministre José Sócrates a aussi approché la question qui a surgit aujourd’hui relative à d’éventuelles déclarations du chef de l’exécutif de Varsovie en indiquant que la Pologne pourrait, lors de la CIG, rouvrir le paquet institutionnel inscrit dans le mandat accordé lors du dernier Conseil Européen.

Ayant été confronté avec la question, José Sócrates, d’après Lusa, a considéré qu’il doit y avoir un « mal entendu ». Il a dit savoir « ce qui a été accordé à la dernière Session Plénière de Bruxelles ». « Nous en sommes sortis (Session Plénière de Bruxelles) avec un mandat clair et précis et, ainsi, je pense que cet équivoque sera rapidement éclairci », a dit le chef du gouvernement portugais, souligne l’agence de presse Lusa.

UE

Monday, July 2, 2007

* Fillon prêt pour son oral de premier ministre *


*** Le premier ministre est rentré hier soir de Rambouillet, où il a mis la dernière main à son discours de politique générale. Le texte sera transmis aujourd'hui à l'Élysée.

C'EST LE DISCOURS le plus important de sa longue carrière politique. Cela valait donc bien une « retraite » de deux jours loin de Paris. François Fillon, qui aime les chants grégoriens des moines de l'abbaye de Solesmes, ses voisins dans la Sarthe, s'est retiré à Rambouillet pour peaufiner sa déclaration de politique générale. C'est dans le salon rond du château, dans le bureau aménagé jadis par l'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing, qui donne directement sur le parc de cette propriété présidentielle, que le premier ministre s'est enfermé pendant le week-end avec, pour seuls compagnons, son ordinateur et une imprimante. Plutôt que Giscard, on préfère à Matignon rappeler la référence du général de Gaulle, qui séjourna le 23 août 1944 à Rambouillet et donna l'ordre au général Leclerc de marcher sur Paris.

Pour le gaulliste François Fillon, il est temps de sonner le tocsin. Éclipsé par les débuts en fanfare du président de la République, en première ligne sur tous les sujets, le premier ministre est condamné à étonner et à frapper fort, demain à l'Assemblée nationale. Nicolas Sarkozy a en effet presque tout dit de la feuille de route des parlementaires, dans son discours prononcé le 20 juin à l'Élysée, au lendemain des élections législatives. Et pour mieux confirmer son intention de « s'occuper de tout », le chef de l'État anime ce soir à Strasbourg une « réunion républicaine » sur le thème de l'Europe, qui a toutes les apparences d'un meeting. Demain, il inaugurera à Marseille le tramway avec, bien sûr, un nouveau discours à la clé. Autant dire que la parole du premier ministre est bien encadrée !

Du coup, c'est presque dans un contexte d'indifférence qu'intervient cette déclaration de politique générale qui fixe pourtant les grandes lignes de la législature. Les députés de l'opposition ironisent sur la « disparition » de François Fillon tandis que ceux de l'UMP ne sont guère plus indulgents. « Le patron, c'est Sarko », entend-on au Palais Bourbon. Jean-Pierre Raffarin, l'un des prédécesseurs de François Fillon à Matignon, enfonce le clou : « La victoire de 2007, c'est celle du président. »

Avec le concours de Gallo, Adler et Baverez

Retiré à Rambouillet, François Fillon ne s'émeut pas de ces commentaires. « Avec Nicolas, je n'ai aucun problème. Il est le numéro un et je suis le numéro deux, confie-t-il. Et tous ceux qui voudront me pousser à exister contre lui perdent leur temps. » Numéro deux et fier de l'être donc. Cela n'empêche pas quelques agacements. La compétition par médias interposés entre le secrétaire général Claude Guéant, le conseiller Henri Guaino et le porte-parole de l'Élysée David Martinon suscite l'étonnement chez certains fillonistes.

La trame de son discours, dont le premier jet a été écrit par son directeur de cabinet, Jean-Paul Faugère, et sa plume, Igor Mitrofanoff, sera « sans surprise », dit-on à Matignon. « L'urgence de la réforme et de la méthode » en sera le fil conducteur. « Ce sera vérité et courage, dans le droit fil de son livre La France peut supporter la vérité », insiste un de ses proches. Sur le fond, le premier ministre devrait définir ce qu'il appelle « le nouveau contrat politique, social et culturel », puis détailler sa politique pour une nouvelle croissance.

François Fillon a consulté des personnalités pour enrichir son discours : l'historien Max Gallo, le spécialiste des relations internationales Alexandre Adler ou encore l'économiste libéral Nicolas Baverez ont apporté leur concours. Le premier ministre, qui a siégé vingt ans à l'Assemblée, admet que l'exercice est « difficile ». Il a vu des chefs de gouvernement réussir - « Juppé s'était bien débrouillé », se souvient-il - et d'autres échouer. Le dix-neuvième premier ministre de la Ve République connaît donc la règle impitoyable et la définit simplement : « On ne triche pas devant le Parlement. »

Le Figaro
*Photo :Éclipsé par les débuts en fanfare du président de la République, en première ligne sur tous les sujets, le premier ministre est condamné à étonner et à frapper fort, demain à l'Assemblée nationale.

Sunday, July 1, 2007

***réunion de la Troïka des ministres des Affaires étrangères de l'UE et des pays d'Asie centrale ***


*** Discours d'accueil et d'ouverture de la réunion de la Troïka des ministres des Affaires étrangères de l'UE et des pays d'Asie centrale par le ministre fédéral des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, le 30 juin 2007 à Berlin


Chers Collègues, Monsieur l'Ambassadeur Morel, Monsieur l'Ambassadeur Redschepow, Monsieur l'Ambassadeur Curto, Monsieur le Directeur général Landaburo,

Je vous souhaite la bienvenue à Berlin et vous remercie d'avoir répondu à mon invitation.

La dernière fois que nous nous sommes rencontrés – c'était le 28 mars dernier à Astana – , nous nous sommes fixé de nombreux objectifs. Nous voulions ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre l'Europe et l'Asie centrale, nous voulions donner des impulsions en vue d'un vaste approfondissement multilatéral de nos relations. Je suis heureux de pouvoir dresser aujourd'hui avec vous un premier bilan commun. Vous avez devant vous le signe concret de nos efforts communs: la stratégie de l'Union européenne pour l'Asie centrale avalisée par le Conseil européen.

Je conçois cette stratégie comme un programme concret pour les années à venir. Sa mise en œuvre nous incombe à tous en commun, même si les prochaines présidences auront bien entendu un rôle particulier à jouer à cet égard. C'est la raison pour laquelle je me réjouis que notre collègue Luis Amado se joindra à nous sous peu.

La "Stratégie pour un nouveau partenariat entre l'Union européenne et les cinq États d'Asie centrale que sont le Kazakhstan, la République kirghize, le Tadjikistan, le Turkménistan et l'Ouzbékistan" est un succès: pour l'Union européenne et pour l'Asie centrale. Nous disposons pour la première fois d'un cadre politique qui définit des objectifs communs et qui détermine des domaines concrets pour une intensification de la coopération. Nous voulons un partenariat avec les États d'Asie centrale qui apportent leur contribution à plus de sécurité et de prospérité dans cette région essentielle. Et nous concevons la stratégie pour l'Asie centrale comme une composante supplémentaire de nos efforts en vue de consolider les relations de l'UE avec nos voisins de l'Est, en plus de la politique de voisinage et du développement du partenariat stratégique avec la Russie.

J'aimerais adresser mes remerciements à vous, Monsieur l'Ambassadeur Morel, pour votre grand engagement en votre qualité d'Envoyé spécial de l'Union européenne pour l'Asie centrale, ainsi qu'à la Commission et à tous les partenaires européens, car sans leur coopération active, ce pas n'aurait pas pu être franchi.

Je remercie aussi mes collègues d'Asie centrale. Nombre de vos suggestions de ces derniers mois ont été intégrées dans le présent document.

Nous connaissons tous les liens qui unissent depuis des siècles l'Europe et l'Asie centrale. Dans cette stratégie, il est cependant question de bien plus que de l'histoire ou d'une évocation romantique des traditions fabuleuses de la route de la soie. Il s'agit plutôt de tâches bien concrètes qui, à l'ère de la mondialisation, nous incombent à tous de la même façon et que nous ne pouvons surmonter qu'en commun: le terrorisme, la criminalité organisée, le trafic de drogues, mais aussi les dangers pour l'environnement. Pour agir efficacement dans ces domaines, nous voulons unir nos forces à un niveau suprarégional. La voie vers la stabilisation et la reconstruction de l'Afghanistan passe aussi par l'Asie centrale. En tant qu'Union européenne, nous voulons coopérer étroitement avec vous, États d'Asie centrale, dans tous ces domaines. Nous souhaitons vous soutenir dans la modernisation politique et économique de vos pays, sur la base des valeurs et des principes auxquels adhèrent ensemble l'UE et les États d'Asie centrale dans le cadre de l'ONU et de l'OSCE.

Nos efforts visent notamment le renforcement du dialogue politique entre les deux régions. Le 28 mars 2007 a eu lieu à Astana la première rencontre de la Troïka de l'UE avec les ministres des Affaires étrangères des États d'Asie centrale. Nous aspirons à donner à ce dialogue un rythme annuel et l'UE est disposée à renforcer considérablement sa présence en Asie centrale. Comme vous le savez, la Commission européenne souhaite, pour cette raison également, ouvrir de nouvelles représentations en Asie centrale.

En outre, l'UE va doubler les ressources qu'elle destine à la coopération avec les États d'Asie centrale.

Les priorités sont une meilleure intégration des pays d'Asie centrale dans l'économie mondiale ainsi que le développement des relations commerciales régionales. À cette fin, des conditions fiables pour les investisseurs privés également sont, comme partout, une condition indispensable. Nous, Européens, avons parcouru un long chemin pour uniformiser et libéraliser nos marchés. Notre expérience pourrait aussi vous être utile en Asie centrale lorsqu'il s'agit notamment de rapprocher progressivement les économies locales aux normes européennes et internationales. Dans ce contexte, nous soutenons également les efforts des pays d'Asie centrale qui ne sont pas encore membres de l'OMC à le devenir.

La coopération dans le domaine de l'énergie est elle aussi porteuse d'avenir. Ce secteur recèle de vastes possibilités qui sont encore loin d'être épuisées. Au moins 4 % des réserves énergétiques mondiales sont situées en Asie centrale. Nous voulons tout d'abord renforcer le dialogue énergétique afin de faire progresser la coopération pratique. Il s'agit ici notamment de corridors supplémentaires de transport d'énergie du bassin caspien à l'Europe en passant par la région de la mer Noire.

L'histoire de l'UE est une histoire de paix et de prospérité rendues possibles par la coopération régionale et par les rapports à droits égaux entre les grands et les petits États. Les pays d'Asie centrale se distinguent aussi les uns des autres. Chacun possède ses particularités nationales, son patrimoine historique et culturel. C'est la raison pour laquelle notre approche est bilatérale et en même temps liée à la politique régionale. Nous souhaitons vous aider à développer une gestion moderne des frontières qui sécurise celles-ci tout en n'entravant pas les échanges de personnes et de biens.

La coopération transfrontalière et régionale est aussi indispensable pour une exploitation efficace des ressources en eau. C'est la seule manière d'éviter des catastrophes environnementales telles que l'assèchement de la mer d'Aral.

Je vois d'autres approches bilatérales pour la coopération dans le domaine de l'éducation ou de la protection des droits de l'homme. Le lancement du dialogue sur les droits de l'homme avec l'Ouzbékistan montre à quel point des efforts communs sont utiles à cet égard. En outre, nous prévoyons une "Initiative de l'UE pour l'État de droit" afin de promouvoir le développement de structures modernes de l'État de droit.

Nous voulons aussi élaborer des programmes sur mesure dans le cadre de l'"Initiative européenne pour l'éducation". Qu'il s'agisse des tables sultaniennes d'Oulough Beg, le grand "prince-astronome" sur le trône de Samarcande, ou du Canon de la médecine du célèbre médecin Abu Ali Husain ibn Sina de Boukhara, mieux connu en Europe sous le nom d'Avicenne – nous connaissons tous les grandes traditions scientifiques de l'Asie centrale. Oulough Beg a dit un jour: "Les religions se dissipent comme le brouillard, les empires se démantèlent, mais les travaux des savants demeurent pour l'éternité. La recherche de la connaissance est le devoir de chacun!“ C'est à cela aussi que nous voulons nous référer lorsque nous œuvrons à améliorer l'accès des hommes et des femmes à l'éducation et à la formation, à moderniser les systèmes d'éducation et à développer les échanges académiques et scientifiques entre l'Asie centrale et l'UE.

Chers Collègues,

Comme je l'ai dit en commençant, la présente stratégie est à mes yeux moins le résultat que la concrétisation des tâches qui se présentent à nous. L'Europe et l'Asie centrale devraient aborder le XXIème siècle en tant que partenaires. Nous avons créé à cette fin une bonne base de travail. Il s'agit à présent de mettre en œuvre activement notre ordre du jour commun.

Je donne à présent la parole à l'Ambassadeur Morel, qui va nous exposer les prochaines étapes de la mise en œuvre de la stratégie.

UE

Friday, June 29, 2007

*Publication du rapport de la Présidence sur le développement de la Politique européenne de voisinage*


*** Après avoir accueilli douze nouveaux Etats-membres pendant les dernières années,
l´Union européene a quelque peu relégué au second plan le fait qu´elle doit
aussi structurer et développer ses relations avec les pays au-delà de ses
frontières - au Sud comme au Nord et à l´Est.

C´est pourquoi l´Allemagne a initié, pendant sa présidence du Conseil de l'Union
européenne, un développement substantiel de la Politique européenne de voisinage
(PEV). Des mesures concrètes ont déjà été engagées pour promouvoir la démocratie
et la modernisation dans le voisinage de l'Union et pour approfondir la
coopération entre les pays de la PEV et l'Union européenne. Le rapport de la
présidence, qui a été avalisé par le Conseil européen des 21 et 22 juin, dresse
un premier bilan des résultats obtenus et identifie les objectifs et les mesures
à réaliser pour l'avenir. Le texte intégral du rapport est disponible sur le
site www.diplo.de.

La PEV apporte une contribution précieuse à la promotion de la stabilité, de la
sécurité et de la prospérité dans le voisinage de l'Union européenne. Afin de la
gérer de manière plus efficace et plus attractive, l'UE a décidé de prendre
d'autres mesures substantielles sur le plan économique, financier et politique.
Nous entendons poursuivre l'approfondissement de la coopération économique avec
les partenaires de la PEV. Une attention particulière sera accordée dans ce
contexte à la politique énergétique et à l'amélioration du climat
d'investissement. Notre objectif réside dans la conclusion de nouveaux accords
de libre échange de grande envergure. Le renforcement de la coopération dans les
domaines de la justice et des affaires intérieures doit contribuer, d'une part,
à consolider les principes de l'État de droit dans les jeunes pays de transition
de l'Est de l'Europe et servir également, d'autre part, les intérêts propres de
l'Union européenne en matière de sécurité. L'UE entend par ailleurs mettre à
disposition de nouveaux mécanismes de financement afin d'appuyer les réformes
dans ces pays. Enfin, nous souhaitons accorder une importance accrue aux
échanges avec les pays partenaires de la PEV au niveau de la société civile.

À l'initiative de l'Allemagne, un élément régional a été ajouté dans le cadre de
la PEV, à savoir le développement d'une politique renforcée de l'UE à l'égard de
la région de la mer Noire. Celle-ci ne constitue pas seulement un corridor de
transit d'une importance stratégique, notamment pour l'énergie, elle renferme
également un potentiel économique inexploité, dans le domaine des transports par
exemple. En outre, les pays riverains de la mer Noire, dont l'Union européenne
elle-même fait partie depuis l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie, sont
confrontés à des défis tels que la criminalité organisée, la migration illégale
et les nuisances causées à l'environnement que nous ne pourrons relever qu'en
coopérant. L'Union européenne escompte que le renforcement de la coopération
régionale dans la région de la mer Noire et alentour ainsi que
l'approfondissement de la coopération avec cette dernière donnera une impulsion
positive en faveur du règlement des conflits gelés en République de Moldova et
dans le sud du Caucase.

UE